Contexte historique
[i]Les années passent, les heures défilent, le sable s’écoule dans l’oubli. Mais certains moments douloureux des temps anciens me reviennent péniblement en mémoire.
Il circule une légende... une histoire ou bien un conte qui se répète parfois au coin du feu. La légende de Zeïren. L’histoire d’un homme révolté au destin bien étrange… celui qui défia les dieux.
Le panthéon. Aujourd’hui symbole merveilleux et divin de cette Grèce rayonnante, il y a des années de cela, l'harmonieuse coexistence entre les hommes et des dieux connaissait des heures bien plus sombres. Les « Deiis », rassemblés en une organisation despotique, régnaient en maîtres impitoyables sur les « Bannis », les hommes, réduits en esclavage. Ce servage de l'espèce humaine était aidé par les rivalités qui déchiraient les royaumes grecs. De ces guerres fratricides était né un monde de chaos condamnant tout avenir meilleur.
Mais une lueur d’espoir finit enfin par se lever lorsqu’un homme, répondant au nom de Zeïren, émergea pour aider ce peuple maudit et s’opposer à la tyrannie des dieux. Il réveilla les consciences endormies des hommes et parvint à unir les grands royaumes de Grèce contre la joug de l’Assemblée des Deiis. Empêtrés dans leur opulence nauséabonde et délaissés de leurs rares alliés terrestres, les dieux tentèrent de résister mais ils furent forcés d’abdiquer devant l’ampleur du mouvement de liberté et d’indépendance qui leur faisait front.
Les hommes avaient remporté la victoire mais la vengeance des Dieux frappa Zeïren ; celui qui avait causé la fin de leur domination. Il fut assassiné la nuit de pleine lune qui suivit la fin de la tyrannie. Et son sang répandit sur les dalles de pierre une teinte sombre. Il alla se refléter jusque dans la lune devenue rouge, avant de s’échapper encore palpitant par les interstices jusqu’au plus profond de la terre. Ce n’était que sa forme humaine que les dieux avaient anéanti, laissant la crainte de l’accomplissement à venir de la destinée de Zeïren, désormais le Banni. C’est durant cette nuit maudite que les dieux s’exilèrent sur le Panthéon. Et de là, ils guettent sans relâche le moment où resurgira celui qui viendra les faire tomber dans l’oubli.
Aujourd’hui encore, je suis pris de frissons lorsque plusieurs marins me certifient avoir vu rôder sur certaines îles inexplorées de Thêta, un homme mystérieux toujours accompagné de trois vestales et d’un sinistre shaman. Il portait la marque des bannis et tous affirmaient reconnaitre en lui Zeïren, la légende. Il est dit que cet homme reviendra parmi les hommes une nuit de lune rouge pour achever sa destinée. S’agit-il d’une légende que certains ivrognes feraient revivre du fond des tavernes ou s’agit-il réellement d’un fantôme du passé, venant annoncer le grand bouleversement des équilibres du monde ?
Plus récemment, Dionysos s’est vu remettre un étrange cadeau par trois vestales, dans des circonstances assez mystérieuses. Il s’agit d’une petite boussole au cadrant argenté, qui comble d’originalité, possède trois aiguilles. Grâce aux inscriptions gravées dans leur métal, on peut comprendre que la première indique la position du soleil et la deuxième, celle de la lune. La dernière, cependant, parait devoir indiquer la position d’une certaine lune rouge... Mais elle semble être cassée car aucun astre n’est encore apparu dans la direction indiquée. Au dos, on peut clairement lire comme inscription sur le rebord du cadrant : « Kiu Pyxis » (boussole lunaire).
Depuis ce jour, Dionysos, sous la couverture d’une fédération maritime commerciale, rassemble les hommes qui ont eux aussi été prévenus de façon plus ou moins mystérieuse du retour imminent de Zeïren. De façon à ce que le jour venu, guidés par la troisième aiguille de la boussole, ils puissent rejoindre le Banni, et se préparer à ses côtés à un affrontement encore plus sanglant que ce que les histoires ont pu relater jusqu’à aujourd’hui.[i]